Contre l’autorité (suite)

Le tract et la note antérieurs m’ont fait penser à une phrase de Rancière : « ce qui m’a sauté aux yeux dès que j’ai commencé à travailler sur l’histoire de la pensée ouvrière, c’est qu’il n’y avait jamais eu besoin d’expliquer à un travailleur ce qu’était la plus-value ou l’exploitation. Le problème, pour eux, n’était pas de « prendre conscience » de l’exploitation, c’était, au contraire, de pouvoir l’«ignorer», c’est-à-dire de pouvoir se défaire de l’identité que cette situation leur donnait et se penser capables de vivre dans un monde sans exploitation. »

 

Note : Je ne me souviens plus comment j’étais tombé sur cet article de Philosophie Magazine, je crois que c’était un ami qui l’avait —et je ne sais plus pourquoi un ami à moi avait un numéro de Philosophie Magazine, mais en fin de comptes il y avait au moins cette phrase à sauver.

Pauvres malheureux

Cet après-midi, en allant prendre le métro à Belleville, j’ai pris un tract. J’ai hésité une seconde avant de le faire parce qu’à cet endroit j’ai déjà vu des groupes de catholiques tendant une revue dont le titre m’échappe —j’hésite toujours entre un regard droit dans les yeux exprimant tout mon athéisme, ou un passage rapide comme s’ils n’existaient même pas— mais finalement je me suis dit qu’un jeune homme aux cheveux longs, avec une veste en cuir, une petite barbichette et un tract dans la main pouvait ressembler de loin à moi-même dans une autre situation, ou du moins à des amis, des gens que je connais ou des gens avec qui j’ai pu marcher côte à côte dans des manifs. Lire la suite